On commence l’article avec une statistique marquante. Dans 91 % des cas, le conjoint d’expatrié est une femme. Une femme qui, dans un cas sur 3 avoue même s’être “sacrifiée” professionnellement pour parachever le projet de son mari. Un sacrifice plus largement répandu chez les femmes mais qui, petit à petit, change de camp.
Femme expat : les freins
Nombreux sont les clichés de genre qui accompagnent l’expatriation. Que ce soit :
- la perception plus élevée de la carrière de l’homme par rapport à une femme (“reste, tu as de la chance, ton mari gagne bien!”) ;
- la femme au foyer plus socialement acceptable que l’homme (“3 mois de congé paternité ? Tranquille”) ;
- la prévalence de la carrière de l’homme (“C’est ta femme qui porte la culotte”).
Même constat du côté professionnel où, selon un rapport de 2012 de Catalys, seulement 17 % des femmes acceptent des missions internationales, contre 28 % des hommes, selon un rapport de 2012 de Catalyst. Bien qu’elles soient tout aussi disposées à assumer un rôle international que leurs homologues masculins, 64 % des femmes affirment qu’on ne leur a jamais proposé de partir à l’étranger, contre seulement 55 % des hommes, selon le rapport.
Et les clichés persistent :
- Dès le processus de sélection (avec des préjugés sur l’aptitude d’une femme à s’expatrier dans certains pays).
- La mésestimation portant sur la qualification des femmes à assumer un tel rôle.
- Un manque de visibilité de ces offres pour les femmes.
- Enfin, le manque de soutien pratique ou d’arrangements de travail flexibles en ce qui concerne la gestion de carrières multiples ou les questions familiales.
Quand les futures femmes expat se créent des barrières
Et si le remède au développement de l’expatriation féminine se cachait en elles-mêmes ? Trop souvent, les femmes s’empêchent de vivre la vie qu’elles voudraient mener à l’étranger. Elles profitent du jeune âge de leur conjoint pour partir avant qu’il n’ait un meilleur job ou du déclin dans la carrière de leur mari quarantenaire qui devrait être à son apogée.
Les femmes expat en devenir ont tendance à penser :
- Qu’il n’est pas de leur rôle de partir en expatriation ;
- Qu’il ne faudrait pas postuler par manque de légitimité et peur de l’échec (face à leurs congénères masculins) ;
- Qu’elles pourraient sacrifier la carrière de leur mari ;
- Qu’elles n’arriveront pas à concilier leur travail, l’expatriation et leur vie de famille ;
- Qu’elles pourraient mettre en cause la stabilité du foyer en s’expatriant;
- Ou bien qu’elles craignent de devenir le seul appui financier de la famille.
En dehors des clichés professionnels et de genre, la clé de leur succès se trouve sûrement dans la confiance en elle.
Chaque année, la proportion de femme suivant leur conjoint diminue selon l’étude Expat Communication (92% en 2017 vs 90% en 2019). Le signe que les mentalités évoluent ?
Faciliter l’expatriation féminine en entreprise
Les tendances bougent mais dans les faits, les femmes restent largement minoritaires si l’on prend l’ensemble des professionnels envoyés en expatriation. Le constat est fait, comment y remédier ?
- Offrir plus de postes à responsabilité aux femmes. En effet, l’expatriation est davantage proposée à des profils hiérarchiquement élevés.
- Implémenter des politiques plus claires et régulières (et non informelles) comme des sondages internes aux hommes comme aux femmes de l’entreprise pour sonder leur envie d’expatriation.
- Faire évoluer les mentalités quant à l’expatriation féminine (ambition des femmes plus faible que les hommes, risques pour les femmes perçus comme plus important, renoncer aux clichés des obligations familiales féminines…).
- Développer les carrières de leurs employées à haut potentiel par le biais de programmes de mentorat ou d’ateliers de leadership.
- Proposer plus d’avantages ou d’incitations pour les conjoints d’expatriés.
Évolution des mentalités sociétales, gain de confiance en soi chez les femmes combinés au changement d’approche et des pratiques de l’entreprise sont trois des ingrédients nécessaires au cocktail parfait de l’expatriation féminine.
Bonus : Regardez l’interview de deux femmes expatriées de Foyer Global Health, Mélanie et Tatiana !