La docteure Natalia García Montaner, spécialiste en gynécologie et obstétrique chez Teladoc Health, répond à nos questions sur la fausse couche, une situation à laquelle sont confrontés de nombreux couples et expatriés. Nous espérons apporter des réponses aux couples qui traversent cette épreuve, qui peut être vécue très difficilement dans le cadre d’une expatriation, loin des proches et de la famille. Par ailleurs, chez un couple en bonne santé, une fausse couche n’empêche pas la grossesse suivante d’être menée à terme.
Quand une fausse couche est-elle considérée comme un avortement spontané et à quelle fréquence se produit-elle ?
Une fausse couche survient lorsqu’une grossesse est perdue spontanément avant la 22ème semaine de grossesse, sans aucune manœuvre intentionnelle. Elle survient dans environ 15% des grossesses, dont 85% avant 12 semaines. La fréquence diminue au fil des semaines et on considère qu’après la 7ème semaine, avec une échographie normale, la probabilité de fausse couche est inférieure à 5%.
Existe-t-il une cause spécifique ?
Dans 40 à 60 % des cas, l’embryon qui a fait l’objet d’une fausse couche présente des anomalies génétiques, et le principal facteur qui y est lié est l’âge de la mère : le risque de fausse couche augmente avec celui-ci, représentant des taux de 11 à 15 % chez les femmes âgées de 20 à 34 ans, de 25 % entre 35 et 39 ans, de 51 % dans la tranche d’âge de 40 à 44 ans, et de 93 % chez celles de plus de 45 ans.
Un autre facteur de risque important est l’antécédent de fausses couches, car une fausse couche antérieure (surtout deux ou plus), peuvent signifier qu’il existe un problème génétique chez l’un ou les deux parents, ou une altération du système immunitaire ou de la coagulation de la mère.
Parmi les autres causes, nous pouvons citer les anomalies de la forme de la cavité utérine, les pathologies maternelles altérant l’environnement dans lequel la grossesse se développe, et l’exposition à des substances toxiques.
Y a-t-il certains facteurs de risque associés à une fausse couche (tabac, alcool…) ?
Oui, il existe divers facteurs liés au mode de vie de la femme enceinte pouvant provoquer les fausses couches et qui sont évitables : la consommation de cocaïne et autres drogues, l’alcool, la caféine à haute dose, le tabagisme, diverses drogues et toxines liées à l’environnement de travail de la femme enceinte (certains solvants, métaux lourds, radiations…)…
Quels signes doivent alerter une femme sur la possibilité qu’elle souffre d’une fausse couche ?
La majorité des fausses couches, comme nous l’avons mentionné, sont de cause génétique. La grossesse se développe donc pendant quelques semaines jusqu’à ce qu’elle cesse de croître et s’arrête. Lorsque la gestation perd sa vitalité, tôt ou tard survient la perte de sang, qui commence généralement sous une forme légère à modérée, généralement sans douleur, et qui augmente progressivement, s’ajoutant à la douleur colique, et aboutissant à l’expulsion de tout le produit gestationnel. Le diagnostic est souvent posé par échographie. Il arrive que la femme enceinte sans symptôme vient pour un contrôle et l’échographie diagnostique une gestation qui ne progresse pas. Et dans d’autres cas, la patiente consulte en raison de pertes de sang. Les cas avec des saignements importants, douleurs, expulsion du sac dès le début sont moins fréquents.
Il est donc difficile d’identifier un signal d’alerte, car la majorité des femmes ne présente aucun symptôme et, si c’est le cas, il ne s’agit que d’un petit saignement. Il ne faut pas oublier que les saignements d’implantation se produisent également chez près de la moitié des femmes enceintes entre la 4ème et la 6ème semaine dans le cas de grossesses tout à fait normales et évolutives.
Les fausses couches répétées sont-elles fréquentes ?
On considère qu’une fausse couche répétée correspond à la perte de trois gestations ou plus. Toutefois, une analyse visant à exclure une cause est généralement entreprise après deux fausses couches. La probabilité d’une nouvelle fausse couche après une précédente est de 20%, 28% après deux et 43% après trois.
Nous avons déjà mentionné qu’il existe des causes inévitables, comme l’âge maternel. D’autres, comme les anomalies utérines ou la pathologie maternelle, peuvent être traitées et peuvent être améliorées ou éliminées, réduisant ainsi le risque de fausses couches consécutives. Enfin, il existe des causes évitables, comme la consommation de substances toxiques.
Mais il est important de garder à l’esprit que dans la plupart des cas, les fausses couches surviennent de manière aléatoire, qu’il n’y a pas de cause sous-jacente connue et que la probabilité de récidive est donc faible.
Quand peut-on réessayer de tomber enceinte après une fausse couche ?
D’un point de vue médical, une nouvelle grossesse peut être tentée après un cycle menstruel normal et complet suivant la fausse couche, s’il s’est écoulé quelques semaines sans complications. Cependant, il est recommandé de ne pas le faire avant que le couple ne se soit complètement rétabli physiquement et émotionnellement, et il est parfois nécessaire de laisser passer un certain temps jusqu’à ce que la perte émotionnelle soit complètement surmontée.
En cas de fausses couches répétées, on conseille de faire une pause afin d’effectuer toutes les analyses nécessaires pour exclure la cause des fausses couches avant de se précipiter dans une autre grossesse non évolutive, car le poids émotionnel deviendra de plus en plus important à chaque fausse couche.
Que peut-on dire aux couples pour gérer émotionnellement la fausse couche ?
La plupart des fausses couches n’ont pas de cause identifiable. Aussi, à mon avis, le plus important est de faire comprendre au couple que rien de ce qu’il a ou pas fait n’y est pour rien. Il est fréquent que le couple, ou plus souvent la femme enceinte, se blâme ou se sente frustré de ne pas avoir fait assez bien. Il est nécessaire de leur faire comprendre que si la grossesse n’a pas abouti, ce n’est pas à cause d’une peur, d’une contrariété ou d’un effort, mais d’une cause indépendante de leur volonté, pour leur permettre d’affronter une nouvelle grossesse le plus sereinement possible. Et d’expliquer la fréquence de ces fausses couches chez des couples en parfaite santé qui, lors des grossesses suivantes, ont des enfants en bonne santé.
Pensez-vous que l’impact émotionnel sur le couple est sous-estimé, et comment peuvent-ils soutenir leurs partenaires ?
Sans aucun doute ! Nous nous préoccupons presque toujours davantage du bien-être de la femme enceinte, sans tenir compte du fait que la perte émotionnelle est ressentie par les deux partenaires, et que le conjoint (homme ou femme) a également vu toutes ses scénarios imaginés pendant l’attente de l’enfant s’évaporer dans les airs. Dans tous les cas, c’est la femme enceinte après voir subi les conséquences physiques de la fausse couche se sent coupable de ne pas avoir pu mener sa grossesse à terme.
La meilleure façon de soutenir son partenaire est d’exprimer sincèrement ses sentiments, de ne pas essayer de paraître moins triste qu’on ne l’est vraiment, et surtout d’enlever toute ombre de culpabilité à la femme enceinte. Et sachez que le lien de la femme enceinte avec la grossesse est différent dès le premier moment où elle sait qu’elle est enceinte, et que les changements hormonaux affectent également la gestion des émotions entre les deux partenaires.
Cet interview a été réalisé par l’intermédiaire de Teladoc Health. Teladoc Health offre un accès 24/7/365 à une équipe de médecins en ligne par le biais de Foyer Global Health. Si vous souhaitez parler à un médecin d’un problème médical ou demander un deuxième avis médical, cliquez sur le lien et visitez le portail e-care. Inscrivez-vous maintenant et demandez n’importe lequel des services gratuitement, à tout moment et en tout lieu, sans avoir à faire de demande.
