Le mois de mars est le mois de sensibilisation à l’endométriose. Dans cet article, nous traiterons de cette maladie, qui touche environ 10 % des femmes et jeunes filles en âge de procréer dans le monde. Il s’agit d’une maladie silencieuse et invalidante qui impacte la qualité de vie des femmes qui en souffrent. Les spécialistes et les associations s’engagent de plus en plus pour faire connaître cette maladie du grand public en assurant une bonne qualité d’information. Si vous souffrez de douleurs abdominales et que vous vous reconnaissez dans les informations ci-dessous, n’hésitez pas à contacter votre médecin ou utiliser notre service de téléconsultation via le portail santé. En tant qu’expatrié, être loin de chez soi peut rendre la consultation plus difficile pour ce type de problèmes de santé. Les médecins de Teladoc Health peuvent répondre à vos questions et s’assurer que vous recevez les bons conseils.
L’endométriose, c’est quoi ?
Il s’agit d’une maladie non contagieuse caractérisée par une croissance bénigne du tissu endométrial (tissu tapissant l’intérieur de l’utérus) en dehors de l’utérus, atteignant des organes tels que les ovaires, le bassin, les trompes de Fallope et les intestins.
Ce tissu endométrial inhabituellement situé continue à se comporter comme il le ferait normalement : il s’épaissit, se décompose et saigne à chaque cycle menstruel. Ce tissu ne peut se déloger par lui-même et se retrouve donc piégé (contrairement à l’endomètre, qui est expulsé à chaque menstruation). Ce phénomène peut irriter les tissus environnants, et développer du tissu cicatriciel et des adhérences (bandes anormales de tissu fibreux qui provoquent l’attachement des tissus et des organes pelviens les uns aux autres).
Malgré la prévalence de cette maladie, la cause de l’endométriose est encore inconnue, bien qu’il existe plusieurs théories qui tentent expliquer son apparition et que le caractère héréditaire est important.
Est-ce une maladie récente ?
Probablement pas. Depuis l’Antiquité, les textes médicaux décrivent des femmes souffrant de douleurs pelviennes, de stérilité et de troubles menstruels. Auparavant, ces troubles étaient regroupés sous le nom d' »asphyxie de l’utérus », ce qui rendait difficile la distinction entre l’endométriose et les autres maladies gynécologiques.
- La première description d’un cas d’endométriose date de 1690, par le médecin allemand Daniel Shroen. Cependant, au cours des siècles suivants, les femmes présentant des symptômes d’endométriose (crampes menstruelles et infertilité) étaient diagnostiquées comme souffrant d' »hystérie ».
- En 1860, le médecin, pathologiste, philosophe et homme politique autrichien Carl Von Rokitansky a publié une description détaillée de l’endométriose, identifiant la maladie comme des amas de tissu endométrial.
- Le terme « endométriose » a été inventé en 1927, lorsque le gynécologue John A. Sampson l’a mentionné dans ses publications et a cité les menstruations rétrogrades comme cause possible.
- C’est en 2013 que le premier guide d’information et de sensibilisation de la population a été créé.
Les symptômes de l’endométriose
L’endométriose est une pathologie très particulière, qui affecte les femmes de manière très différente. Certaines peuvent voir leur vie quotidienne affectée et d’autres peuvent être asymptomatiques.
L’intensité de la douleur n’est pas nécessairement un indicateur de gravité de l’endométriose. Certaines femmes souffrant d’une endométriose légère ont de fortes douleurs, tandis que d’autres, souffrant d’une endométriose avancée, n’ont que peu ou pas de douleurs.
Parfois, cette maladie est confondue avec d’autres affections qui provoquent également des douleurs pelviennes, comme la maladie inflammatoire pelvienne ou les kystes ovariens.
Les symptômes de l’endométriose sont les suivants :
- Dysménorrhée ou douleurs menstruelles : règles très douloureuses, douleur intense dans le bas du dos qui irradie vers l’abdomen. C’est ce qu’on appelle la dysménorrhée secondaire. Elle est généralement la première manifestation de l’endométriose. En outre, il s’agit d’une douleur qui augmente avec le temps.
- Dyspareunie : présence de douleurs pendant ou après les rapports sexuels. La pénétration vaginale peut exercer une pression sur une zone affectée par l’endométriose : ovaires, paroi du vagin et ligaments utéro-sacrés.
- Pertes de sang : Certaines femmes ont des « spottings » (perte de petites quantités de sang) qui ne sont pas liés aux menstruations.
- Difficulté à uriner et/ou à aller à la selle.
- Infertilité : environ 30-40% des femmes touchées ne peuvent pas tomber enceintes et souffrent d’infertilité, c’est la façon la plus fréquente de diagnostiquer la maladie.
- Ménorragie : saignements excessifs pendant les menstruations.
- Troubles digestifs : épisodes de diarrhée et de constipation, gaz ou nausées qui peuvent être confondus avec un côlon irritable.
- Fausse couche : Les femmes atteintes d’endométriose peuvent présenter un risque accru de fausse couche, qui diminue une fois la maladie traitée et corrigée.
L’endométriose se développe généralement plusieurs années après le début des menstruations. Les signes et symptômes de l’endométriose cessent pendant la grossesse et s’arrêtent définitivement avec la ménopause, sauf en cas de prise d’œstrogènes.
Quand consulter son médecin
Il faut se rendre chez son médecin dès que l’on soupçonne la présence de la maladie et que l’on souffre des symptômes décrits. L’endométriose étant difficile à traiter, un diagnostic précoce et un traitement multidisciplinaire, ainsi qu’une bonne compréhension de ce qui vous arrive, peuvent favoriser le contrôle des symptômes.
Dernières recherches scientifiques : endométriose et crises cardiaques chez les jeunes femmes
Selon une étude récente publiée dans le journal du Brigham and women’s hospital, lié à l’Université de Harvard, l’endométriose pourrait être la cause de nombreuses crises cardiaques subies aujourd’hui par de jeunes femmes de moins de 40 ans.
Les causes possibles
La cause exacte de l’endométriose est inconnue à l’heure actuelle, mais il existe différentes théories pour expliquer la croissance de l’endomètre en dehors de son emplacement habituel.
- L’existence de ce trouble à travers plusieurs générations de grands-mères, mères et petites-filles renforce l’idée de caractère héréditaire.
- Les menstruations rétrogrades : Cette théorie propose que le sang menstruel contenant des cellules endométriales s’écoule anormalement le long des trompes de Fallope dans la cavité pelvienne, au lieu de suivre son chemin normal vers l’extérieur du corps. Ces cellules se fixent sur d’autres organes, provoquant les désagréments typiques de l’endométriose.
- Mutation des cellules péritonéales : c’est ce que l’on appelle la « théorie de l’induction ». Il semble que des facteurs immunitaires et des hormones favorisent la transformation des cellules péritonéales (cellules qui tapissent l’intérieur de l’abdomen) en cellules endométriales.
- Mutation des cellules embryonnaires : les œstrogènes sont capables de transformer les cellules embryonnaires (cellules aux premiers stades du développement) en cellules endométriales. Cela se produit pendant la puberté.
- Implantation dans la cicatrice d’une intervention chirurgicale : Après une intervention chirurgicale, comme une césarienne ou une hystérectomie (ablation de l’utérus), les cellules endométriales peuvent « s’échapper » lors de la coupure chirurgicale et s’implanter à l’extérieur de l’utérus.
- Transport des cellules endométriales : Le système lymphatique peut transporter les cellules endométriales vers toutes les parties du corps.
- Trouble du système immunitaire : il est postulé qu’une altération du système immunitaire empêche l’organisme de reconnaître et de détruire le tissu endométrial qui se développe en dehors de l’utérus.
Il semble que la grossesse exerce un effet protecteur sur le développement d’une future endométriose, les ovaires restant au repos pendant la grossesse, sans sécrétion d’hormones féminines.
Les facteurs de risque
Il existe plusieurs facteurs qui peuvent augmenter le risque de développer une endométriose :
- N’avoir jamais donné naissance.
- Apparition très précoce des premières règles.
- Cycles menstruels courts, de moins de 27 jours.
- Taux élevé d’œstrogènes.
- Avoir un faible indice de masse corporelle.
- Consommation d’alcool.
- Antécédents familiaux d’endométriose.
- Anomalies anatomiques de l’utérus.
Les complications de l’endométriose
Les principales complications sont les suivantes :
- L’infertilité : elle touche un tiers des femmes atteintes d’endométriose.
- Les kystes ovariens : Lorsque l’endométriose touche les ovaires, des kystes appelés endométriomes peuvent se former.
- Cancer de l’ovaire : Les femmes atteintes d’endométriose sont plus prédisposées à ce type de cancer.
Comment s’effectue le diagnostic
Une échographie permet d’évaluer les organes reproducteurs et de détecter les kystes ou les endométriomes. Le diagnostic définitif est donné par la cœlioscopie. Cet examen invasif est à la fois diagnostique (le chirurgien explore tout l’intérieur de la cavité abdominale) et thérapeutique, car elle permet d’enlever le maximum d’endométriose.
Traitement
Les spécialistes recommandent de prendre soin de la santé physique et émotionnelle des femmes souffrant d’endométriose. Une alimentation équilibrée et la pratique de l’exercice physique sont les piliers du traitement de toute affection.
Les objectifs du traitement sont :
- Soulager la douleur et les symptômes associés.
- Prévenir la progression des lésions.
- Préserver ou restaurer la fonction reproductive.
Le traitement spécifique de l’endométriose consiste en la prise de médicaments ou d’interventions chirurgicales, mais aucun ne permet pour le moment de guérir définitivement la maladie.
Analgésiques (antidouleurs)
C’est la première étape thérapeutique pour contrôler la douleur pendant les menstruations. Il s’agit d’un traitement symptomatique de la douleur produite par les lésions kystiques et les éventuelles adhérences existantes.
Traitements hormonaux médicamenteux
La montée et la chute des hormones pendant le cycle menstruel provoquent l’épaississement, la rupture et le saignement des implants endométriaux. Les médicaments hormonaux peuvent ralentir la croissance du tissu endométrial et empêcher la formation de nouveaux implants.
Les traitements utilisés pour traiter l’endométriose comprennent :
- Les contraceptifs : Ce sont des combinaisons d’œstrogènes et de progestérone qui soulagent les symptômes d’une endométriose légère.
- Les progestatifs : ils diminuent les niveaux d’œstrogènes, qui sont les principaux stimulants de la croissance de l’endométriose.
- Les analogues de la GnRh : ils atténuent la fonction de l’ovaire et provoquent une ménopause artificielle réversible. Il s’agit d’un dernier recours lorsque les autres traitements ne fonctionnent pas, car ils ont de nombreux effets secondaires similaires à ceux de la ménopause.
- Androgènes : ils diminuent également la fonction ovarienne et provoquent des effets secondaires virilisants et ceux associés à la ménopause.
Traitement chirurgical
C’est le traitement le plus efficace et celui dont le taux de réussite est le plus élevé. Il est réalisé par l cœlioscopie, qui est une chirurgie peu invasive permettant au chirurgien d’évaluer l’ensemble de la cavité abdominale.
L’objectif principal de cette technique est d’éliminer toute endométriose visible en préservant et en rétablissant, si nécessaire, la fonction reproductive (chirurgie conservatrice), bien que une hystérectomie (ablation de l’utérus) puisse également être pratiquée dans les cas les plus graves.
A l’occasion de ce mois de sensibilisation à l’endométriose, nous avons recueilli le témoignage de Léa, une collaboratrice atteinte d’endométriose qui nous raconte son expérience avec la maladie :
Mon endométriose a été diagnostiquée lorsque j’avais 22 ans. Après 8 ans d’errance médicale, les médecins spécialistes sont enfin parvenus à poser des mots sur mes maux.
Le diagnostic a permis d’utiliser des traitements plus adaptés afin de limiter les douleurs (pilules combinées, prise en continue, stérilet hormonal, etc. qui ont chacun leurs effets indésirables et risques propres à chaque patiente). J’ai également pu me faire opérer pour découvrir l’étendue de la maladie, ses dégâts et retirer certaines lésions afin de tenter de diminuer l’impact de la maladie sur ma vie et limiter les risques d’infertilité.
Au-delà de ces aspects médicaux, mon diagnostic a été un réel soulagement, il m’a permis de réaliser que les douleurs n’étaient pas « dans ma tête » mais bien réelles, de comprendre que je n’étais pas seule, et que beaucoup de femmes vivent ou apprennent à vivre avec cette maladie.
Mais contrairement aux idées reçues, l’endométriose ne se résume généralement pas qu’à des règles douloureuses et peut avoir un impact important sur la vie personnelle, professionnelle mais également sur l’entourage de la patiente. Entre les douleurs, la fatigue chronique, les troubles digestifs, urinaires, la maladie est présente dans mon quotidien et je dois plutôt apprendre à vivre avec que de lutter contre.
Fort heureusement, la médecine progresse, les diagnostics sont de plus en plus établis, de plus en plus de sensibilisations sont réalisées, cette maladie sort petit à petit de son ombre et devient de moins en moins tabou. Pour toutes ces raisons, j’estime qu’il est important de sensibiliser et de parler de cette maladie afin d’accompagner au mieux les femmes concernées et leur entourage dans leur parcours vers le diagnostic, avec un bon accompagnement médical, psychologique, des traitements adaptés et d’éviter qu’elles ne se sentent seules, impuissantes et incomprises face à leurs douleurs.
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